Radio Brest Atlantique (5)

En mars 1983, un maire RPR est élu. Les ressources se tarissent et RBA doit cesser d'émettre le 10 août.

Les élections municipales

En juin 1982, le maire socialiste Francis Le Blé décède brutalement. Aujourd'hui, il serait remplacé par le suivant de la liste au conseil municipal qui élirait un nouveau maire. A l'époque, les Brestois doivent retourner aux urnes pour élire un nouveau conseiller municipal. Contre toute attente, c'est un jeune loup du RPR, Jacques Berthelot qui remporte le scrutin. Il utilise sa position d'opposant au conseil comme d'une tribune et devient le candidat de la droite brestoise en mars 1983 face à Pierre Maille, ancien premier-adjoint devenu maire mais qui n'a pas eu le temps de s'implanter dans la fonction.


32 voix d'avance

Pendant la campagne, RBA donne la parole au candidat de la droite même titre que les autres. Une attitude qui lui sera reprochée par quelques hiérarques locaux du parti socialiste. Car Jacques Berthelot remporte les élections avec seulement 32 voix d'avance et ramène la droite aux affaires après une parenthèse de six ans. Une droite qui a soif de revanche et qui entend abattre quelques symboles de la mairie de gauche. RBA est alors en première ligne.


L'organisation de la soirée électorale à Radio Brest Atlantique.

Les finances s'assèchent

Après l'arrivée de la municipalité Berthelot, la situation financière de Radio Brest Atlantique s'est rapidement dégradée. La subvention est bloquée. Parallèlement, son président, Thibault Doidy, a dû faire face à un procès en sorcellerie de la part d'une partie des militants du Parti socialiste. Le voici menacé d'exclusion. Les plus durs estiment que la radio n'a pas suffisamment soutenu la liste ou que la subvention a entraîné la perte des élections. Si à droite, RBA est un symbole à abattre, au PS elle est le bouc émissaire de la défaite. Pour la petite histoire, au final, Thibault Doidy héritera d'un blâme.

Le patron de RBA rencontre Jacques Berthelot. Je lui ai demandé de ne pas casser ce bel outil et je lui ai proposé de nommer un directeur, raconte Thibault. Il a éclaté de rire en me disant qu'il n'en avait rien à faire de nous. Il m'a dit qu'il n'oubliait pas notre attitude pendant la campagne. Le PS et la droite qui reprochent à RBA son attitude pendant la campagne, c'est sans doute le plus bel hommage que l'on puisse faire à la station et prouve qu'elle avait atteint son objectif en devenant la radio de tous les Brestois. En juin, toute l'équipe est réunie pour apprendre que la direction est démissionnaire.

La fin de RBA, le 10 août 1983

Le 7 juillet, le conseil municipal annule la convention. Mi-juin, les 14 employés ont été remerciés mais une équipe de bénévoles a déjà pris la relève pour poursuivre les programmes au même rythme. RBA n'a plus que quelques jours à vivre. Des rumeurs courent. Des socialistes veulent récupérer la station pour un faire un outil anti-Berthelot. Il n'en sera rien. Il est également question qu'Europe 1 rachète la radio mais pour cela, il faudrait que la dérogation au monopole de RBA soit inscrite au Journal Officiel, or ces dérogations n'arriveront qu'en novembre.

Au début du mois d'août, la situation devient plus difficile. Chaque soir, les animateurs doivent s'inquiéter si la radio émettra le lendemain. Finalement, la décision de justice tombe : il faut arrêter d'émettre pour le 10 à minuit. Le 9 au soir, l'équipe apprend la nouvelle. Le 10 août 1983, en fin d'après-midi une douzaine de personnes animent une dernière heure. L'émetteur est coupé. C'est terminé. Thibault ferme la lourde porte de bois à clef. Le matériel sera saisi quelques jours plus tard puis vendu à la salle des ventes afin de payer quelques créanciers.

Quelques mois plus tard, des anciens animateurs de RBA en retrouveront une partie, dont la belle table de mixage, dans les locaux d'une nouvelle station, FM 101.

G. Polinski raconte Radio Solidarnosc sur RBA

Le 12 avril 1982, la station pirate du syndicat Radio Solidarnosc émet pour la première fois pendant huit minutes à Varsovie. La Pologne, membre du bloc de l'Est, vit sous la loi martiale depuis le coup d'état du général Jaruselski en décembre 1981. Georges Polinski (fondateur notamment de Radio Nantes, Kiss FM, Europa Plus...) est alors sur Radio Atlantic, à Nantes. Après un voyage en Pologne, il présente et commente sur Radio Brest Atlantique les émissions pirates de Radio Solidarnosc. Voici ce document, extrait des archives de la rédaction de RBA.

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Les personnalités culturelles qui sont passées au micro

Programmes en février 83

6-10 : Café Chloro
10-12.30 : Du caf'conç au music-hall
12.30 : Brest Infos
13-13.30 : Brest emploi
13.30-14 :Accords classiques (libre antenne le mercredi)
14-15 : Variétés
15-17 : Carré bleu
17- 19 : Hit Parade
19-19.30 : Chal ha dichal
19.30 : Brest Infos
20 - Magazine breton sauf lundi et mercredi
Lundi
18 : Forum
20 : Ravages nocturnes
22 : Plaisirs d'écoute
Mardi
18 : Silence on tourne
21 : Vibrations
23 : Ravages nocturnes
Mercredi
18 : Silence on tourne
20 : Hebdo folk
21 : Wonder Band (BD)
23 : Plaisirs d'écoute
Jeudi
18 : Radio Venceremos
21 : Vague divague
22 : King Biscuit Time
Vendredi
18 : Forum
21 : Blue Jean Bop
22 : At the jazz band ball
23 : Ravages nocturnes
Samedi
7-9 : Café Chloro
9-11 : Silence on tourne
11-12 : Guitaristiquement vôtre
12 : Libre antenne
16 : Coup de pouce
20 : Flipper
22 : Club 102
23 : Dans la chaleur de la nuit
Dimanche
8-10 : Café Chloro
10-11 : Nautic
11 : Shaker
13 : Hit Parade étranger
15 : Punch en music
17 : Accords classiques
18 : Chlorophyle
19 : Magazine
19.30 : Libre antenne
20 : Magazine breton
21 : Hard War
22 : Archaos

La fin du 13, rue St-Martin